01/12/2019

Une proposition de réforme :
la continence des diacres permanents mariés

Par Don Pio Pace

Cesare Bonivento, missionnaire italien, évêque émérite de Vamino, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, vient de publier un ouvrage intitulé L’itinerario conciliare del celibato ecclesiastico (Cantagalli, 2019), qui étudie la signification spirituelle du célibat ecclésiastique, particulièrement pour les prêtres, dans les documents de Vatican II.

Il contient en outre un appendice des plus intéressants sur « L’urgenza di una chiarificazione sui diaconi permanente sposati » (pp. 173-197), l’urgence d’une clarification sur les diacres permanents mariés. Cesare Bonivento estime qu’on ne peut pas conclure de Lumen Gentium n. 29 et des interventions successives de Paul VI que l’usage du mariage est permis aux diacres mariés. Il suit en cela d’autres auteurs, comme Vittorio Moretto (Il celibato dei Preti. Una sfida sempre aperta, Elledici, 2014), qui voudraient que l’on impose la continence aux futurs prêtres mariés. L’argument principal est le suivant : les deux motu proprio sur le diaconat permanent (Sacrum diaconatus ordinem du 18 juin 1967, et Ad pascendum du 15 août 1972) invoquent à plusieurs reprises « la discipline traditionnelle de l’Église » (pour interdire à un diacre permanent célibataire de se marier après l’ordination, ou de se remarier s’il devient veuf). Selon Cesare Bonivento, cela montrerait que l’intention du pape était d’obliger les diacres déjà mariés à la continence, comme cela se pratiquait anciennement. Que Paul VI, dans Sacerdotalis cælibatus, n. 40, dise que « l’autorité de l’Église ne se refuse pas à l’exercice de son pouvoir en ce domaine et on peut en voir une preuve dans la possibilité, prévue par le récent Concile, de conférer le diaconat même à des hommes mariés d’âge mûr », ne lui paraît suffisant pour affirmer que le droit/devoir du dû conjugal est reconnu aux diacres mariés.

Cette interprétation des textes en question est-elle soutenable ? On pourrait rétorquer à Mgr Bonivento que, si telle était l’intention du législateur, dans une affaire d’une telle importance, et compte tenu du fait que l’opinion selon laquelle les diacres mariés peuvent user du mariage est générale, il aurait pu, et même il aurait dû, clarifier cette question. C’est d’ailleurs ce que l’auteur demande pour finir de manière touchante : que le Pape dise clairement aujourd’hui que les diacres mariés sont tenus à la continence.

Mais quoi qu’il en soit de la valeur de la pieuse interprétation de Mgr Bonivento, l’imposition de la continence aux hommes mariés que l’on ordonne diacres est une idée de réforme – quand une vraie réforme de l’Église sera devenue possible –, qui pourra être appliquée aux futures ordinations diaconales. Demander que les diacres mariés se soumettent désormais à cette antique discipline ecclésiastique serait d’un grand bénéfice spirituel pour l’Église et enlèverait au diaconat permanent d’aujourd’hui sa portée de sécularisation.

Pio Pace