Cardinal Josef De Kesel : La sécularisation comme grâce
Josef De Kesel, homme intelligent et courtois, est né à Gand en 1947. D’abord enseignant, il fut nommé en 2002 évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles. Dans le vieux débat sur les divorcés remariés, il a soutenu le P. Herman Cosijns, devenu secrétaire de la Conférence des évêques, qui estime que « pour un chrétien, un second mariage [après divorce] devrait être envisagé comme une occasion de grandir dans l’amour de Dieu. […] Le second mariage acquiert alors une dimension religieuse et peut être vécu comme un chemin de sanctification, une route proposée par Dieu ». Le même Cosijns pense que les personnes homosexuelles peuvent trouver le chemin de Dieu en vivant leur relation (Pastoralia, revue de l’archevêché de Malines-Bruxelles, mai 1996). Johan Bonny, évêque d’Anvers, appuyait : « Nous devons chercher au sein de l’Église une reconnaissance formelle de la relationnalité qui est également présente chez de nombreux couples bi et homosexuels » (De Morgen, 27 décembre 2014). Et J. DeKesel, devenu cardinal, s’est déclaré favorable à la célébration d’une cérémonie pour les unions homosexuelles (La Croix, 5 juin 2018). Entretemps, en 2010, c’est Mgr Léonard, évêque de Namur, que Benoît XVI avait nommé archevêque de Malines, pour respecter le principe informel de l’alternance linguistique. Mais le pape Ratzinger mit cependant De Kesel sur rampe de lancement, en le nommant évêque de Bruges. Il y souleva la sempiternelle question de l’ordination d’hommes mariés : les « personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtres » (revendication que vient de porter, au Synode pour les Jeunes, son auxiliaire à Bruxelles, Mgr Kockerols). Quant à l’ordination des femmes, elle pouvait se discuter. Et Mgr Bonny d’appuyer encore. L’Église disparaît ? Godfried Danneels se console : « Ce que l’Église a perdu en quantité, elle l’a gagné en qualité ». Et Jozef De Kesel assume : « À condition de rester humble, dans une société et sécularisée », l’Église représentera « comme un point de vue et une possibilité parmi d’autres » (16 septembre 2016). Une voie, une vérité, une vie parmi d’autres.
Pio Pace