01/11/2018

De la collégialité à la synodalité

Par Don Pio Pace

Vatican II s’était concentré sur la collégialité, c’est-à-dire sur la coresponsabilité des évêques pour la prise en charge de l’Église, spécialement par le moyen du Synode. Dans ces dernières années est apparue la notion de synodalité, qui élargit cette prise en charge à tout le Peuple de Dieu. Il en fut largement question dans un séminaire d’experts organisé en 2015 par le P. Antonio Spadaro, directeur de La Civiltà Cattolica (Dario Vitali, Université grégorienne, Alphonse Boras, Louvain, Gilles Routhier, Laval, au Québec), qui donna lieu à un ouvrage dirigé par A. Spadaro et Carlos María Galli, théologien argentin, La riforma e le riforme nella Chiesa (Queriniana, 2016), « La réforme et les réformes dans l’Église ». Puis, en écho à un discours du Pape du 17 octobre 2015, en 2016, le cardinal Baldisseri, Secrétaire général du Synode a dirigé un séminaire semblable sur le thème de la synodalité à l’Institut de Maria Bambina (Klaus Schatz, sj, dans Des chemins de réforme, dirigé par A. Spadaro, Parole et Silence, 2018). Un concentré des réflexions de ces groupes d’influence se trouve dans le chapitre consacré à la « synodalité missionnaire de l’Église » du document final de l’assemblée du Synode sur les jeunes : « [L’expérience que la coresponsabilité vécue avec les jeunes] appelle l’Église à pratiquer la synodalité comme une manière d’être et d’agir, favorisant la participation de tous les baptisés et des personnes de bonne volonté, chacun selon son âge, son état de vie et sa vocation. Dans ce Synode, nous avons fait l’expérience que la collégialité, qui unit les évêques cum Petro et sub Petro dans la sollicitude pour le Peuple de Dieu, est appelée à s’articuler et à s’enrichir par la pratique de la synodalité à tous les niveaux » (n. 119). Cette visée de démocratisation était préparée par le n. 2 de la constitution apostolique Episcopalis communio, du 15 septembre 2018, qui amplifiait le canon 346 prévoyant que les membres d’une assemblée synodale sont « pour la plupart évêques ». Désormais, le pape peut adjoindre aussi « certains autres qui n’ont pas reçu la charge épiscopale », c’est-à-dire, logiquement, même des laïcs. Étant précisé qu’Episcopalis communio prévoit aussi que le pape peut décider de la publication de la synthèse finale d’une assemblée synodale en lui donnant l’autorité (certes très floue, mais symboliquement très forte) de « Magistère ordinaire du Successeur de Pierre ».
Le tout dans un « chemin vers la décision » pour parvenir à un « consensus » ecclésial dans une démarche relationnelle (Klaus Schatz) : « L’Église est appelée à assumer un visage relationnel qui met au centre l’écoute, l’accueil, le dialogue, le discernement » (document final, n. 122).

P.P.