11/10/2018

Le Groupe de Saint-Gall et l’« hypothèse Martini »

Par Don Pio Pace

Le livre de K. Schelkens et J. Mettepenningen Gottfried Danneels (Anvers, Polis, 2015) a révélé ce que le cardinal de Malines a ensuite confirmé : il avait participé, de 1996 à 2006, avec les cardinaux Martini, Lehmann, Kasper, Silvestrini, Hume, à des réunions informelles à Saint-Gall, en Suisse, dont le but était d’organiser la résistance au restaurationisme du pontificat de Jean-Paul II et d’empêcher que ne lui succède le cardinal Ratzinger. Leurs vœux allaient au cardinal jésuite Martini, archevêque de Milan. Il se trouve que, jusqu’en 1993, il avait présidé le Conseil des Conférences épiscopales européennes se réunissant précisément à Saint-Gall, CCEE qui avait été dirigé auparavant par les cardinaux Etchegaray et Hume. Mais Martini, qui avait pris sa retraite en 2002, était atteint de la maladie de Parkinson. Lors du conclave de 2005, le Groupe avait donc reporté ses espoirs sur le cardinal Bergoglio, archevêque jésuite de Buenos-Aires. Bergoglio aurait atteint son maximum au troisième vote, le 19 avril 2005. Plutôt que de tenter un aléatoire blocage, il demanda qu’on ne votât plus pour lui. Au quatrième vote, Ratzinger était élu avec 84 voix. Dépités, les membres du Groupe, dès lors largement accru, commencèrent sur le champ à préparer un futur pontificat. Qu’il suffise de rappeler le premier acte de cette activité de minage : le 20 septembre 2005, la revue Limes, dans un article de Brunelli (« Cosi eleggemmo papa Ratzinger ») publiait le « journal secret du conclave » que lui aurait remis un cardinal, d’où il ressortait que Jorge Bergoglio avait tout de même atteint 40 voix, contre 72 à Ratzinger. Et pour bien montrer que la lutte continuait, le cardinal Silvestrini avait fait publier la photo d’une réunion « secrète » tenue à la Villa Nazareth, œuvre d’éducation qu’il patronnait, sur laquelle on le voyait avec les cardinaux Danneels, Backis de Vilnius, Kasper, Lehmann, Martini, Murphy-O’Connor de Westminster, et le Français Tauran. C’est ce dernier qui, comme premier cardinal diacre, aurait à annoncer, le 13 mars 2013, l’élection de Martini redivivus.

P.P.